lundi 28 novembre 2011
Place Tahrir
"Ce n'est plus dans les esprits qu'il faut faire la révolution ; ce n'est plus là qu'il faut chercher son succès ; depuis longtemps elle y est faite et parfaite, toute la France vous l'atteste: mais c'est dans les choses qu'il faut que cette révolution, de laquelle dépend le bonheur du genre humain, se fasse aussi tout entière. Eh! qu'importe au peuple, qu'importe à tous les hommes un changement d'opinion, qui ne leur procurerait qu'un bonheur idéal? On peut s'extasier sans doute, pour ce changement d'opinion ; mais ces béatitudes spirituelles ne conviennent qu'aux beaux esprits et aux hommes qui jouissent de tous les dons de la fortune. Il leur est bien facile, à ceux-là, de s'enivrer de la liberté et de l'égalité: le peuple aussi en a bu la première coupe avec délice et transport, il s'en est aussi enivré. Mais craignez que cette ivresse ne se passe, et que, revenu plus calme et plus malheureux qu'auparavant, il ne l'attribue à la séduction de quelques factieux, et qu'il ne s'imagine avoir été le jouet des passions ou des systèmes et de l'ambition de quelques individus. La situation morale du peuple n'est aujourd'hui qu'un beau rêve qu'il faut réaliser, et vous ne le pouvez qu'en faisant dans les choses la même révolution que vous avez faite dans les esprits." Gracchus Babeuf, Écrits
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