mardi 6 décembre 2011

lundi 5 décembre 2011

Minima moralia


Un livre difficile que je retrouve par intermittence, mais que je n'ai jamais réussi à finir.

lundi 28 novembre 2011

Place Tahrir

 "Ce n'est plus dans les esprits qu'il faut faire la révolution ; ce n'est plus là qu'il faut chercher son succès ; depuis longtemps elle y est faite et parfaite, toute la France vous l'atteste: mais c'est dans les choses qu'il faut que cette révolution, de laquelle dépend le bonheur du genre humain, se fasse aussi tout entière. Eh! qu'importe au peuple, qu'importe à tous les hommes un changement d'opinion, qui ne leur procurerait qu'un bonheur idéal? On peut s'extasier sans doute, pour ce changement d'opinion ; mais ces béatitudes spirituelles ne conviennent qu'aux beaux esprits et aux hommes qui jouissent de tous les dons de la fortune. Il leur est bien facile, à ceux-là, de s'enivrer de la liberté et de l'égalité: le peuple aussi en a bu la première coupe avec délice et transport, il s'en est aussi enivré. Mais craignez que cette ivresse ne se passe, et que, revenu plus calme et plus malheureux qu'auparavant, il ne l'attribue à la séduction de quelques factieux, et qu'il ne s'imagine avoir été le jouet des passions ou des systèmes et de l'ambition de quelques individus. La situation morale du peuple n'est aujourd'hui qu'un beau rêve qu'il faut réaliser, et vous ne le pouvez qu'en faisant dans les choses la même révolution que vous avez faite dans les esprits." Gracchus Babeuf, Écrits

De la communication


« Dénaturer les noms des choses.

Peu d'hommes ont des idées saines des choses, la plupart ne s'attachent même qu'aux mots. (…) Abusés par les mots, les hommes n'ont pas horreur des choses les plus infâmes, décorées de beaux noms; et ils ont horreur des choses les plus louables, décriées par des noms odieux. Aussi l'artifice ordinaire des cabinets est-il d'égarer les peuples en pervertissant le sens des mots.
En fait de politique, quelques vains sons mènent le stupide vulgaire, j'allais dire le monde entier. Jamais aux choses leurs vrais noms. Les princes, leurs ministres, leurs agents, leurs flatteurs, leurs valets, appellent art de régner celui d'épuiser les peuples, de faire de sottes entreprises, d'afficher un faste scandaleux, et de répandre partout la terreur; politique, l'art honteux de tromper les hommes; gouvernement, la domination lâche et tyrannique; (…) soumission, la servitude; loyauté, la prostitution aux ordres arbitraires; rébellion, la fidélité aux lois; révolte, la résistance à l'oppression; discours séditieux, la réclamation des droits de l'homme; faction, le corps des citoyens réunis pour défendre leurs droits; crimes de lèse-majesté, les mesures prises pour s'opposer à la tyrannie; charges de l'état, les dilapidations de la cour et du cabinet; contributions publiques, les exactions; guerre et conquête, le brigandage à la tête d'une armée; art de négocier, l'hypocrisie, l'astuce, le manque de foi, la perfidie et les trahisons; coups d'état, les outrages, les meurtres et les empoisonnements; officiers du prince, ses satellites; observateurs, ses espions; fidèles sujets, les suppôts du despotisme; mesure de sûreté, les recherches inquisitoriales; punition des séditieux, le massacre des ennemis de la liberté. Voilà comment ils parviennent à détruire l'horreur qu'inspire l'image nue des forfaits et de la tyrannie. » Marat, Les chaînes de l'esclavage.